Un Breton dans Bellechasse
Michel Richard est originaire de Combourg, une petite vile située à une quarantaine de kilomètres de Saint-Malo. Il a installé ses pénates sur les bords du Saint-Laurent à la hauteur de Saint-Vallier.
Au milieu du 18e siècle, il était moins hasardeux de prendre la mer pour l’Amérique qu’à l’époque de Samuel de Champlain. Malgré tout, ce voyage marqua une charnière dans la vie de ce jeune Breton qui quitta la France pour « les colonies » à peine une dizaine d’années avant la guerre de Sept ans qui en fit un citoyen britannique.
C’est à Saint-Pierre qu’on retrouve sa trace où il épouse Marie-Angélique Mercier le 21 novembre 1746. De toute évidence, il ne s’établira pas dans la même seigneurie que sa belle-famille puisque ses neuf enfants seront tous baptisés à Saint-Vallier. Vous trouverez la liste des enfants de Michel plus loin.
Les recherches que j’ai faites pour la rédaction de cet article ne m’ont pas permis de retracer d’autres faits saillants de la vie de Michel ou de celle de ses enfants – et je prie tous les lecteurs qui en sauraient plus de me faire parvenir ces renseignements. Il y a toutefois fort à parier que Michel Richard a fait partie de cette majorité silencieuse de vaillants bâtisseurs de pays qui n’ont laissé de traces de leur existence que dans les registres paroissiaux et dans la terre qu’ils ont civilisée.
Je voudrais m’attarder sur la descendance de son fils Philippe. En quittant la maison paternelle pour se marier avec Anne-Marie Fortier, il est parti vivre dans la seigneurie voisine, celle de Saint-Michel-de-Bellechasse, tout comme son fils Philippe et son petit-fils, qui s’appelait aussi Philippe. Il était souvent de tradition, à l’époque, de nommer l’aîné des fils du nom de son père et l’aînée des filles du nom de sa mère. Cependant il y eut, dans la vie de Philippe III, un grand événement : un déménagement, une migration vers les nouveaux townships de l’Est que la British American Land Company avait ouverts autour de 1800 et que les Canadiens-français des vieilles seigneuries allaient occuper progressivement. Le terme township sera plus tard francisé en canton et la région deviendra les Cantons de l’Est.
L’histoire nous rapporte qu’en 1842, Jean-Baptiste Rousseau devient le premier colon à s’établir dans le township de Lambton. Fait à noter, ce monsieur était originaire de Saint-Michel-de-Bellechasse, tout comme Philippe Richard. La perspective de s’établir sur de grandes terres vierges pour y élever sa famille a sûrement été l’élément déclencheur. Et Philippe quitta les terres surpeuplées du bord du fleuve, traversa la Beauce et vint s’établir près de Thetford-Mines, au bord du lac saint-François.
N’allez surtout pas croire que le voyage fut comme une balade du dimanche après-midi. On peut facilement s’imaginer que le voyage de Philippe et de sa famille vers Lambton ressembla à celui de son voisin, Charles Ruel de Saint-Charles-de-Bellechasse :
« Le quatrième jour, nous étions à Saint-Éphrem, chez Aldéric Goulet, cultivateur, près de l’église d’aujourd’hui; c’était la seule maison. Là, un gros dégel nous retint trois jours. Puis, nous continuâmes jusqu’à Saint-Évariste chez un nommé Samson; il n’y avait là que quelques maisons. Nous nous arrêtâmes là trois jours. Nos provisions étaient épuisées : il ne restait plus que ½ minot de pois secs pour nous rendre à Lambton. Nous continuâmes jusqu’au Pont Brûlé, là où est aujourd’hui un petit moulin un peu en de çà de Saint-Évariste. De là nous parvîmes chez le père Zéphirin Bureau, là où est aujourd’hui Vital Bureau.
… La deuxième année après notre arrivée, nous avons été obligés de manger rien autre chose que des feuilles de bois blanc bouillies, pendant deux semaines. J’ai même quêté pour faire manger ma mère. Rien n’avait poussé; nous étions écoeurés du poisson. »
malgré ce portrait peu réjouissant des difficultés de la colonisation, la famille Richard s’est solidement installée à Lambton. Philippe Richard est même devenu maire entre 1862 et 1866 et ce sont les descendants de son petit-fils Joseph qui nous ont accueillis si chaleureusement lors de l’assemblée générale de 1995.
Descendance de Michel Richard et d’Angélique Mercier
Michel Richard est le fils de Jean-baptiste Richard et de Jeanne Gauthier de Combourg, évêché de Saint-Malo. Le 21 novembre 1746, à Saint-Pierre-du-sud, il épouse Marie-Angélique Mercier.
Joseph-Michel, baptisé le 14 mars 1750 (Saint-Vallier)
Jean-Baptiste Barthélémi, baptisé le 19 juin 1751 (Saint-Vallier). Sa sépulture a eu lieu le 17 août 1751 (Saint-Vallier)
Marie-Joseph, baptisée le 15 juin 1752 (Saint-Vallier)
Marie-Françoise, baptisée le 26 juillet 1754
Pascal, baptisé le 22 août 1756
Philippe, né le 12 septembre 1758 et baptisé le 13 septembre 1758 (Saint-Vallier). Marié à Marie-Anne Fortier le 24 janvier 1785 (Saint-Michel-de-Bellechasse)
Angélique, né let baptisée le 6 février 1762
Antoine, né le 11 octobre 1765 et baptisé le 13 octobre 1765
Marie-Anne, née et baptisée le 16 novembre 1763